Pierre Mangon du Houguet (1632-1705), né à Réville d’une famille de la petite noblesse rurale, parvint en 1655 à acquérir par finance l’office de vicomte de Valognes et de « capitaine du plat-pays ». Figure en vue de la société locale, il deviendra aussi conseiller du roi en l’amirauté, sénéchal royal et trésorier de la paroisse Saint-Malo. Tombé en disgrâce et condamné à l’exil pour malversations, il disparaît de la ville entre 1680 et 1689, mais récupère ensuite sa position et son titre. Bienfaiteur du couvent des frères cordeliers et de l’hôpital royal, c’est aussi lui qui finance, en 1697, la construction du pont de l’Hôtel-Dieu.
Mais la postérité de Mangon du Houguet tient surtout à son activité érudite. On conserve de sa main une vingtaine de manuscrits, contenant des travaux sur les paroisses et sur les fiefs du Cotentin, rassemblant aussi ses recherches sur les antiquités romaines d’Alauna et ses relevés d’inscriptions funéraires. En tant qu’acteur de l’essor des sciences historiques dans la Normandie du « Grand Siècle », Pierre Mangon du Houguet fut un digne prédécesseur des grands érudits valognais du XIXe siècle, Charles de Gerville (1769-1853) et Léopold Delisle (1826-1910).