Etienne Troude est un obscur bourgeois de Valognes ayant vécu dans la seconde moitié du XVIe siècle. Marchand spécialisé dans le commerce des tissus de luxe, il tenait boutique en centre-ville et comptait parmi ses clients Gilles de Gouberville, seigneur du Mesnil-au-Val, auteur d’un célèbre Journal de raison couvrant les années 1549 à 1563. Son nom mérite pourtant d’être retenu pour la postérité, en raison de la bravoure et de l’humanisme dont il fit preuve lors des guerres de religion : le soir du 7 juin 1562, une émotion populaire animée par des prêtres et des officiers papistes avait conduit de fervents catholiques à pourchasser pour les assassiner les protestants rassemblés en ville. Bien qu’il fut lui-même catholique, Etienne Troude s’empressa d’ouvrir sa porte aux fuyards, et grâce à lui, dix-huit personnes, tant hommes que femmes, furent épargnés.
Le marchand Etienne Troude fut en son temps un « juste« , au même titre que ces autres français qui, sous le régime de Vichy, s’efforcèrent au péril de leur vie de cacher des juifs menacés de déportation. Depuis le lointain passé de son existence oubliée, il nous offre le modèle d’un esprit fort, ne cédant ni au « courroux » ni à « l’esmotion populayre » de ses contemporains.